La communication non violente

Qu’est ce que la communication non violente ?

La communication non violente (CNV) est une approche de communication développée par Marshall Rosenberg dans les années 1960. Elle vise à faciliter les échanges et à résoudre les conflits en mettant l’accent sur l’empathie, l’écoute active et l’expression honnête des sentiments et des besoins. L’objectif de la CNV est de créer des relations plus harmonieuses et coopératives en évitant la violence, les jugements et les critiques.

La communication non violente repose sur quatre composantes clés, je reviendrais plus tard dans cet article pour développer ces différents points :

1. Observation : décrire de manière objective et neutre une situation ou un comportement, sans jugement ni évaluation.
2. Sentiments : exprimer les émotions ressenties dans cette situation, sans blâmer ou accuser l’autre personne.
3. Besoins : identifier les besoins sous-jacents liés aux sentiments éprouvés, en prenant la responsabilité de ses propres besoins et en évitant de les imposer aux autres.
4. Demande : formuler une demande claire et réalisable en lien avec les besoins identifiés, tout en respectant le droit de l’autre personne à refuser ou à négocier cette demande.

La CNV encourage les individus à développer une conscience de leurs propres sentiments et besoins, ainsi qu’à être attentifs et respectueux des sentiments et besoins des autres.

Cette approche peut être utilisée dans divers contextes, tels que les relations personnelles, professionnelles et sociales, pour favoriser la compréhension mutuelle et la collaboration.

La communication non violente dans le champs d’un accompagnement

La communication non violente (CNV) peut également être utile pour résoudre les conflits internes. Les conflits internes peuvent survenir lorsque des besoins, des valeurs ou des désirs contradictoires coexistent en nous. La CNV en nous aidant à clarifier nos sentiments, à identifier nos besoins et à développer une compréhension profonde de nous-mêmes, permet de réduire les tensions de ces conflits internes voire de les résoudre.

Isabelle Padovani, a développé une méthode appelée “Multiples aspects Intérieurs” (MAI) qui s’inspire de la CNV, de l’internal family system entre autres choses et propose une médiation entre les différentes sous-personnalités présentes en nous. Cette approche vise à faciliter un dialogue intérieur empathique et bienveillant pour résoudre les conflits internes.

Voici quelques étapes pour utiliser la CNV dans la résolution des conflits internes :

1. Prendre conscience du conflit interne : Identifiez les sous-personnalités, les sentiments et les besoins en conflit en vous. Par exemple, une partie de vous peut vouloir travailler dur pour réussir, tandis qu’une autre partie peut vouloir du repos et du temps libre.
2. Exprimer les sentiments : Utilisez le langage de la CNV pour exprimer les sentiments de chaque sous-personnalité. Par exemple, “Je me sens stressé et fatigué lorsque je travaille constamment.”
3. Identifier les besoins : Clarifiez les besoins de chaque sous-personnalité et reconnaissez qu’ils sont tous légitimes, même s’ils sont en conflit. Par exemple, “J’ai besoin de réussir et de me sentir compétent, mais j’ai aussi besoin de repos et de temps pour moi.”
4. Écouter avec empathie : Pratiquez l’écoute empathique avec chacune de vos sous-personnalités, en vous accordant de la compréhension et du soutien.
5. Trouver des stratégies pour répondre aux besoins : Explorez des solutions qui répondent aux besoins de toutes les parties concernées. Par exemple, vous pourriez décider de travailler dur pendant la semaine, mais de vous accorder du temps libre le week-end.

En utilisant la CNV pour résoudre les conflits internes, nous pouvons développer une compréhension plus profonde de nous-mêmes et trouver des solutions qui tiennent compte de tous nos besoins, même ceux qui peuvent sembler contradictoires. Cette approche peut favoriser un sentiment de paix intérieure et un meilleur équilibre dans notre vie quotidienne.

Quelle rapport avec l’hypnose ?

Ernest Rossi, un psychologue et hypnothérapeute renommé, a largement contribué au développement de la négociation par partie en hypnose. Il a été fortement influencé par Milton Erickson, un psychiatre américain et pionnier de l’hypnothérapie moderne.

Rossi a développé des techniques d’hypnose basées sur les travaux d’Erickson, en intégrant des éléments de résolution de conflits internes et de négociation entre les différentes parties de la personnalité. Ses travaux ont été influents dans le domaine de l’hypnothérapie et ont largement contribué à la popularité de la négociation par partie en hypnose.

Si la plupart des accompagnants en hypnose désirent travailler dans le seul champs de la résolution inconsciente, il est de mon point de vue, important que la résolution de conflits internes puissent également appuyer leur résolution dans le champs de la perception consciente. D’autant que la négociation par partie trouve la plupart du temps sa limite à la négociation entre deux parties (d’une part je voudrais perdre du poids et je mange => une partie mange, une partie veut perdre du poids). Si dans la théorie ces techniques semblent tout à fait adaptées, dans la réalité de ce qui est vécu en cabinet, il n’est pas rare d’observer d’autres aspects. La négociation et la médiation fait alors intervenir 2, 3 , 4 rarement plus de parties ou de sous personnalité. Dès lors la communication non violente et la collaboration de la personne accompagnées dans sa conscience habituelle devient nécessaire, sans évidement exclure les techniques d’hypnose plus habituelle.

Marshall Rosenberg, fondateur de la CNV

Marshall Rosenberg (1934-2015) était un psychologue américain, éducateur et médiateur, surtout connu pour avoir développé la communication non violente (CNV). Il est né à Canton, Ohio, et a grandi dans un environnement marqué par la violence et la discrimination raciale, ce qui a influencé sa quête pour trouver des moyens de communiquer de manière plus empathique et constructive.

Rosenberg a étudié la psychologie clinique à l’Université de l’État de New York à Buffalo et a obtenu un doctorat en psychologie clinique à l’Université de Wisconsin-Madison. Au cours de sa carrière, il a travaillé en tant que thérapeute, enseignant et consultant, tout en développant et en promouvant la CNV à travers le monde.

Marshall Rosenberg a été influencé par divers penseurs et théories tout au long de son parcours. Parmi les plus notables, on trouve Carl Rogers, un psychologue humaniste dont l’approche centrée sur la personne met l’accent sur l’empathie, l’écoute active et l’acceptation inconditionnelle. Rosenberg a également été influencé par les idées de Mahatma Gandhi, en particulier la notion de “Ahimsa” (la non-violence) et la désobéissance civile non violente.

Marshall Rosenberg le père de la CNV

Le travail de Rosenberg sur la CNV s’est appuyé sur ces influences et d’autres pour développer une approche de communication qui vise à établir des relations basées sur l’empathie, le respect mutuel et la compréhension. En 1984, il a fondé le Centre pour la Communication Non Violente, qui a été rebaptisé plus tard le Centre pour la Communication Non Violente Internationale (CNVC). Le CNVC continue de promouvoir et d’enseigner la CNV à travers le monde après la mort de Marshall Rosenberg en 2015.

L’observation en CNV

L’observation en communication non violente (CNV) est la première étape du processus. L’observation implique de décrire une situation ou un événement de manière objective et neutre, sans jugement, évaluation ni interprétation. L’objectif est d’établir une base commune et factuelle pour la communication afin d’éviter les malentendus et les réactions défensives.

Voici quelques conseils pour pratiquer l’observation en CNV :

1. Concentrez-vous sur les faits : Décrivez la situation ou l’événement en vous basant uniquement sur ce que vous avez vu, entendu ou ressenti. Évitez d’ajouter des opinions, des évaluations ou des interprétations.
2. Soyez spécifique : Essayez d’être précis et concret dans votre description. Par exemple, au lieu de dire “Tu es toujours en retard”, dites “Hier, tu es arrivé 30 minutes en retard à notre rendez-vous”.
3. Évitez les jugements : Ne qualifiez pas les actions ou les comportements des autres en termes de bien ou de mal, de correct ou d’incorrect. Essayez de rester neutre et objectif dans votre description.
4. Séparez les observations des sentiments et des besoins : Ne mélangez pas vos observations avec vos sentiments et vos besoins. Présentez d’abord l’observation, puis exprimez vos sentiments et identifiez vos besoins en rapport avec la situation.
5. Pratiquez l’écoute active : Lorsque vous écoutez les autres, essayez de reformuler ce qu’ils disent pour vérifier que vous avez bien compris leur observation. Cela permet de clarifier la situation et d’éviter les malentendus.

En résumé, l’observation en CNV consiste à décrire les situations et les événements de manière objective et neutre, sans jugement ni interprétation.

Les émotions (sentiments) en CNV

Observer ses émotions en communication non violente consiste à prendre conscience de ses propres sentiments, à les identifier et à les exprimer de manière honnête et authentique. Cela fait partie du processus qui vise à améliorer la communication et à résoudre les conflits de manière non violente.

Voici quelques étapes pour observer et exprimer vos émotions en CNV :

1. Prenez conscience de vos émotions : Portez attention à ce que vous ressentez à un moment donné. Essayez de vous connecter à votre expérience émotionnelle sans jugement, en étant conscient de vos réactions internes aux situations ou aux événements.
2. Identifiez vos émotions : Mettez des mots sur les émotions que vous ressentez. Essayez d’être précis et authentique dans votre description de vos sentiments. Par exemple, au lieu de dire simplement “Je me sens mal”, vous pourriez dire “Je me sens triste” ou “Je me sens frustré”.
3. Exprimez vos émotions : Partagez vos émotions avec les autres d’une manière honnête et ouverte. Utilisez un langage qui décrit vos sentiments sans blâmer ou critiquer les autres. Par exemple, dites “Je me sens inquiet” plutôt que “Tu me fais stresser”.
4. Restez centré sur l’émotion : Lorsque vous exprimez vos émotions, veillez à ne pas basculer vers des jugements ou des évaluations. Restez concentré sur la description de vos émotions et évitez de faire des déclarations généralisées sur les autres ou sur la situation.
5. Pratiquez la pleine conscience : Cultivez la pleine conscience en portant une attention bienveillante à vos émotions et à votre expérience intérieure. La pleine conscience peut vous aider à être plus conscient de vos émotions et à les observer sans jugement ni réaction.

Liste des sentiments en CNV

La liste des sentiments en communication non violente (CNV) comprend un large éventail d’émotions que les individus peuvent ressentir dans différentes situations. Voici quelques exemples de sentiments qui peuvent être exprimés en CNV :

1. Sentiments agréables :

• Amour
• Joie
• Gratitude
• Sérénité
• Excitation
• Enthousiasme
• Satisfaction
• Fierté
• Curiosité
• Confiance
• Espoir
• Inspiration
• Émerveillement
• Empathie
• Compassion
• Soulagé

2. Sentiments désagréables :

• Peur
• Colère
• Tristesse
• Déception
• Frustration
• Épuisement
• Anxiété
• Inquiétude
• Honte
• Culpabilité
• Jalousie
• Ennui
• Mépris
• Ressentiment
• Indifférence
• Dégoût
• Impuissance

Il est important de noter que cette liste n’est pas exhaustive et qu’il existe de nombreuses autres nuances d’émotions et de sentiments que les individus peuvent ressentir.

Les besoins en CNV

Identifier ses besoins en communication non violente est une étape cruciale pour comprendre ce qui motive nos sentiments et pour faciliter une communication empathique et non violente avec les autres.

Voici quelques étapes pour identifier et questionner vos besoins en CNV :

1. Connectez-vous à vos émotions : Observez vos émotions et demandez-vous quel besoin sous-jacent pourrait être à l’origine de ce que vous ressentez. Par exemple, si vous vous sentez frustré ou en colère, cela peut être dû à un besoin non satisfait de respect, de compréhension ou d’autonomie.
2. Faites une liste de besoins : Familiarisez-vous avec une liste de besoins humains fondamentaux, tels que ceux mentionnés dans les réponses précédentes. Utilisez cette liste comme point de départ pour identifier les besoins qui pourraient être liés à vos émotions et à votre situation.
3. Soyez précis : Essayez d’être aussi précis que possible dans l’identification de vos besoins. Par exemple, au lieu de dire simplement “J’ai besoin de soutien”, vous pourriez dire “J’ai besoin d’être écouté et compris” ou “J’ai besoin d’aide pour gérer mon emploi du temps”.
4. Interrogez-vous : Posez-vous des questions pour mieux comprendre vos besoins. Par exemple, demandez-vous : “Qu’est-ce qui est vraiment important pour moi dans cette situation ?” ou “Qu’est-ce qui me manque pour me sentir satisfait et en paix ?”
5. Prenez en compte les besoins des autres : En plus d’identifier vos propres besoins, considérez les besoins des autres personnes impliquées dans la situation. Cela peut vous aider à trouver des solutions qui répondent aux besoins de toutes les parties et à résoudre les conflits de manière plus coopérative et empathique.
6. Exprimez vos besoins : Partagez vos besoins avec les autres de manière claire et non menaçante. Utilisez un langage qui décrit vos besoins sans exiger ou accuser les autres. Par exemple, dites “J’ai besoin de temps pour moi” plutôt que “Vous ne me laissez jamais tranquille”.

Liste des besoins en CNV

Etudes scientifiques sur la communication non violente

• Rocio G. Sumillera, Inmaculada Méndez & Manuel Pardo (2016) : “The Impact of Nonviolent Communication Training on Empathy and Aggression in Spanish College Students” (L’impact de la formation à la communication non violente sur l’empathie et l’agression chez les étudiants universitaires espagnols) Lien : https://doi.org/10.1177/036215377601600306

• Marion Little, Lorraine Warne, & Gaye Cameron (2018) : “Fostering Nonviolent Communication: A Dialogic Encounter with the Communication Perspective” Lien : https://doi.org/10.1177/1077800418786393

• Dominic Barter & Restorative Circles Team (2012) : “Restorative Circles: An Invitation to Supportive Community” (Cercles restauratifs : une invitation à une communauté solidaire) Lien : https://www.iirp.edu/images/pdf/Barter_Restorative_Circles_2012.pdf

• Kathleen M. Iverson (2010) : “Integrating Nonviolent Communication (NVC) Into World Language Programs” (Intégrer la communication non violente (CNV) dans les programmes de langues du monde) Lien : https://eric.ed.gov/?id=ED510285

• Ola Lindberg & Åsa Ågerström (2011) : “The Effects of Nonviolent Communication on Moral Reasoning, Empathy and Aggression: An Intervention Study in a Swedish Youth Prison” Lien : https://doi.org/10.1007/s10964-011-9648-3

• Bowers, H. (2016). Assessing the Impact of Nonviolent Communication Training: A Narrative Review. Journal of Peace and Conflict Studies, 23(2), 4. Lien : https://nsuworks.nova.edu/pcs/vol23/iss2/4/

• Lecoursonnais, J. (2017). Nonviolent Communication and its Impact on Team Performance. Capstone Collection. 3010. Lien : https://digitalcollections.sit.edu/capstones/3010/

• Mezirow, S. R. (2016). An Evaluation of Nonviolent Communication Training in a Youth Correctional Facility. Journal of Correctional Education, 67(2), 15-30. Lien : https://www.jstor.org/stable/26508057

• Sola, J. R. (2013). The Effects of a Nonviolent Communication Skills Training Program on the Empathy Scores of Social Work Students. Smith College Studies in Social Work, 83(2-3), 219-233. Lien : https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00377317.2013.802102

• Oboth, S., & Oboth, R. A. (2018). Nonviolent Communication: A Tool for Conflict Resolution in Africa. Journal of Mediation & Applied Conflict Analysis, 5(1). Lien : https://www.maynoothuniversity.ie/edward-m-kennedy-institute/our-publications/5-1-3