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La transe spontanée, une émergence du dialogue
La transe n’est pas toujours un état à induire. Parfois, elle est un phénomène qui surgit naturellement du processus de changement, là où on ne l’attendait pas.
Imaginez une conversation thérapeutique ordinaire. Pas de rituel d’induction, pas de relaxation formelle, pas de « fermez les yeux et détendez-vous ». Juste un dialogue, une exploration, une rencontre. Et pourtant, à un moment donné, quelque chose bascule. La voix change, le rythme de la respiration se modifie, comme si une partie de la personne semble prendre la parole, comme une régression spontanée. Imaginez qu’une simple question : qu’est-ce qui se passe pour toi maintenant ? ne soit plus entendu ou compris…
Nous voici face à un phénomène très courant en hypnose conversationnelle et pourtant méconnu : la transe spontanée.
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Vous rencontrez des difficultés, des peurs, des blocages, vous habitez Bordeaux ou sa région, je vous accueille au cabinet médical du 118 au Bouscat.
Comprendre la transe spontanée
SOMMAIRE
Résumé : Sans vouloir être exhaustif, cet article examine la transe spontanée, un état modifié de conscience qui survient naturellement lors d’accompagnements thérapeutiques sans induction hypnotique formelle provocant des changements de voix ou de posture, et une altération de la perception temporelle.
L’analyse révèle que de nombreuses approches psychothérapeutiques génèrent ces états sans les identifier comme tels. IFS, EMDR, gestalt, génèrent des modifications de conscience similaires sous une terminologie propre. Les marqueurs comportementaux, cognitifs et physiologiques restent cohérents d’une pratique à l’autre.
Les recherches neurophysiologiques récentes confirment que ces phénomènes présentent les mêmes signatures cérébrales que l’hypnose formelle. Les processus hypnotiques dépassent-ils le cadre de l’hypnose traditionnelle ? J’explore cette hypothèse en s’appuyant sur l’observation clinique et les données scientifiques disponibles.
Qu'est-ce que la transe spontanée ?
La transe spontanée peut être définie comme un état modifié de conscience non induit explicitement. Ce sont des phénomènes courants notamment avec l’hypnose sans transe ou l’hypnose conversationnelle.
Lors de mes séances à Bordeaux, il arrive régulièrement que des personnes me demandent : « Quand allons-nous faire de l’hypnose ? » La réponse les surprend souvent : Peut-être en faisons-nous déjà… Je travaille avec un gant blanc et un gant noir, et il n’est pas rare que certaines personnes se mettent spontanément à dialoguer avec l’un de ces gants. Surprenant ? Pas tant que cela.

transe spontanée en séance d’hypnose conversationnelle sur un modèle IFS
Certaines techniques de communication, certains questionnements ou propositions thérapeutiques induisent naturellement un état non ordinaire de conscience, sans nécessiter d’induction formelle.
La personne présente alors des comportements caractéristiques : focalisation intense, temporalité altérée, accès à des mémoires émotionnelles, changements de posture ou de ton. Cette dynamique, observée sans induction formelle, pose en creux une question : Et si certaines approches thérapeutiques étaient finalement de l’hypnose, créent de la transe sans jamais vouloir la nommer ?
Un Phénomène Naturel et Quotidien
Les transes spontanées émergent de mécanismes psychiques que nous expérimentons tous au quotidien.
L’exemple probablement le plus parlant ? L’ennui. Qui n’a jamais vécu cette expérience lors d’une réunion interminable et d’observer que progressivement, les voix s’estompent, les visages s’effacent, et vous voilà mentalement transporté sur une plage ou auprès d’un être cher…
Cette expérience, généralement considérée comme une simple « rêverie », correspond en réalité à ce que la recherche qualifie le plus souvent de transe légère. Saviez-vous que sur l’Échelle de Susceptibilité Hypnotique de Stanford (forme C, la plus complexe) qui comprend 12 niveaux de difficulté croissante, le niveau 12 représente l’état hypnotique le plus profond, celui des effets les plus spectaculaires. Alors, félicitations à tous ceux qui, lors d’une réunion, ont « oublié » leur patron, leurs collègues et leurs voix : vous avez expérimenté une hallucination négative, soit précisément le niveau 12 de l’échelle de Stanford !
Vu sous cet angle, la moitié de la population française devrait être classée « virtuose hypnotique » rien qu’en survivant aux réunions de travail, n’est-ce pas !
Il s’agit donc de se rendre compte que naturellement, certains stimuli (inducteurs), peuvent créer un décalage de perception de la réalité (une transe).
Si nous nous repositionnons dans le champ de la relation d’aide, notons qu’Ernest Hilgard, pionnier de la recherche hypnotique à Stanford, décrivait dès 1975 ces phénomènes comme le résultat d’une « dissociation néo-structurelle », activant des systèmes cognitifs semi-autonomes. Plus clairement, la conscience se divise temporairement, permettant à différentes parties du psychisme de fonctionner en parallèle, chacune avec sa propre voix, ses motivations et ses besoins spécifiques. Dialoguer avec une « part », une « partie », une « co-personnalité » ou un « état du moi » – peu importe la terminologie – constitue en soi un générateur naturel de transe.
Par ailleurs, dans le champ de l’accompagnement pratiquant l’hypnose sans transe ou l’hypnose conversationnelle, n’est pas sans savoir que les phénomènes telles que la saturation cognitive, les effets de surprises, l’invitation à plonger en profondeur dans une réflexion intime, provoquent des transes. Sont-elles alors encore spontanées ? c’est une vraie question…
Pratiques thérapeutiques et les transes spontanées
Ce long paragraphe pour mettre en exergue, comment à travers certaines disciplines psychothérapeutiques, les transes apparaissent de façon spontanée. Par ailleurs, bien que certains auteur s’en défende, de noter a quel point les proximité avec l’hypnose est souvent sous-jacente.
Ernest Hilgard – Dissociation spontanée
Hilgard, utilise le terme : « États dissociatifs spontanés » (spontaneous dissociative states).
« Les individus hautement hypnotisables peuvent vivre des états dissociatifs spontanés dans la vie quotidienne, caractérisés par des changements dans la conscience, l’identité ou la perception, sans induction hypnotique formelle. » (Hypnosis in the Relief of Pain, 1975)
Les « états dissociatifs spontanés » décrits par les Hilgard impliquent une altération de la conscience et une fragmentation de l’expérience subjective, typiques d’une transe spontanée, déclenchée par des contextes émotionnels ou relationnels hors hypnose formelle.
Les Hilgard sont explicitement ancrés dans l’hypnose, étudiant les états dissociatifs dans et hors contextes hypnotiques. Ils élargissent leur analyse à des contextes non hypnotiques pour éviter de limiter leur cadre à l’hypnose formelle, perçue comme controversée dans certains cercles académiques.
Ernest Hilgard, figure majeure de la recherche sur l’hypnose, est influencé par Pierre Janet (dissociation) et Clark Hull (hypnose expérimentale). Josephine Hilgard a collaboré avec lui sur les phénomènes hypnotiques.
John Rowan – sous personnalités et Voice Dialogue
Rowan utilise le terme d’ « État d’absorption profonde » (state of deep absorption)
« Lorsqu’on dialogue avec une sous personnalité en Voice Dialogue, des changements de ton, de posture et de rythme de pensée émergent souvent, créant un état d’absorption profonde proche d’une transe légère. » (Subpersonalities: The People Inside Us, 1990)
Cet « état d’absorption profonde » reflète une dissociation fonctionnelle avec des marqueurs (changements de ton, posture) d’une transe conversationnelle spontanée, induite par l’activation d’une sous personnalité.
Rowan s’inspire de la psychologie humaniste (Carl Rogers, Abraham Maslow) et de Roberto Assagioli (psychosynthèse), qui intégrait des éléments de transe dans sa pratique.
Rowan ne se revendique pas explicitement de l’hypnose, mais son approche du dialogue avec les sous personnalités induit des changements d’état reflétant des mécanismes hypnotiques.
Fraser – Ego State Therapy
Fraser utilise le terme de « Prise de contrôle par un état du moi » (ego state taking executive control).
« Certains états du moi peuvent émerger de manière inattendue, prenant le contrôle exécutif et modifiant la voix, le comportement ou l’expérience émotionnelle, comme si l’individu était momentanément ‘pris en charge’ par une part distincte. » (Dissociative Disorders and Ego State Therapy, 1991)
La « prise de contrôle » spontanée par un état du moi, avec des modifications comportementales, correspond à une transe dissociative spontanée, sans induction hypnotique.
Fraser s’appuie sur Jack et Helen Watkins, créateurs de l’Ego State Therapy, eux-mêmes influencés par Milton Erickson. Fraser reconnaît l’utilité de l’hypnose pour accéder aux états du moi, mais met l’accent sur leur émergence spontanée, utilisant des termes psychologiques pour éviter une association directe avec l’hypnose.
Richard Schwartz – Internal Family Systems (IFS)
Schwartz utilise le terme d’« État de conscience distinct » (distinct state of consciousness).
« Lorsqu’une part est pleinement activée, elle apporte sa propre vision du monde, ses émotions et ses souvenirs, créant un état de conscience distinct qui semble presque autonome. » (Internal Family Systems Therapy, 2nd ed., 2019)
Cet « état de conscience distinct » lié à une part, avec désidentification du self habituel, s’apparente à une transe spontanée focalisée, émergente dans le dialogue thérapeutique.
Schwartz, influencé par la thérapie systémique et par Erickson via des collègues comme Stephen Gilligan, intègre des éléments proches de l’hypnose conversationnelle dans les dialogues IFS. Il ne mentionne pas directement la transe et l’hypnose.
🔗 Internal Family Système (Le système fa familiale intérieur)
Bessel van der Kolk – Dissociation et trauma
Van der Kolk utilise les termes d’ « État dissociatif », « voyage émotionnel dans le temps », « activation de mémoire traumatique non verbale » (dissociative state, emotional time travel, nonverbal traumatic memory activation).
« Les survivants de traumatismes peuvent basculer spontanément dans des états dissociatifs, revivant des expériences passées avec une perception sensorielle altérée, un voyage émotionnel dans le temps et des changements dans l’identité ou la conscience corporelle. » (The Body Keeps the Score, 2014)
Les termes comme « état dissociatif » ou « voyage émotionnel dans le temps » décrivent des transes spontanées, marquées par des flashbacks, des altérations temporelles et des changements corporels, particulièrement dans le travail avec des parts traumatisées.
Van der Kolk s’inspire de Pierre Janet (dissociation) et collabore avec Schwartz. Van der Kolk ne mentionne pas l’hypnose, préférant un langage neuroscientifique ou psychologique pour décrire des phénomènes hypnotiques.
Ernest Rossi – State-dependent memories et transe émergente
Rossi utilise les termes d’ « État de conscience émergent », « transe conversationnelle » (emergent trance-like state, conversational trance).
« Les mémoires et comportements dépendants d’un état peuvent être activés par des signaux émotionnels ou symboliques, générant un état de conscience émergent de type transe sans hypnose formelle. » (The Psychobiology of Mind-Body Healing, 1986)
Rossi utilise « transe conversationnelle » ou « état émergent », décrivant une transe spontanée induite par l’activation émotionnelle ou symbolique d’un sous-système psychobiologique.
Proche collaborateur de Milton Erickson, Rossi intègre l’hypnose ericksonienne à une approche psychobiologique, influencée par les neurosciences. Rossi utilise explicitement « transe », mais élargit le concept pour inclure des états spontanés, évitant une association exclusive avec l’hypnose classique.
Stephen Gilligan – Transe générative
Gilligan utilise les termes de « Transe générative », « état de conscience créative » (generative trance, creative mind state).
« Dans les dialogues avec les parts, une transe générative émerge souvent naturellement, caractérisée par une absorption profonde, une perception altérée et un accès à des ressources créatives. » (The Courage to Love, 1997)
La « transe générative » ou l’« état de conscience créative », bien que parfois intentionnelle, peut émerger spontanément dans un dialogue symbolique, correspondant à une transe spontanée.
Disciple direct d’Erickson et collaborateur de Rossi, Gilligan intègre l’hypnose ericksonienne dans son approche de la transe générative. Gilligan utilise « transe générative », mais décrit ces états comme émergents spontanément, évitant de limiter son approche à l’hypnose formelle.
Watkins & Watkins – Ego States
Les Watkins utilisent les termes de « Phénomènes de type transe », « intrusion d’état du moi » (trance-like phenomena, ego state intrusion).
« Les états du moi peuvent s’imposer, prendre le contrôle exécutif ou influencer la perception, même sans induction formelle, produisant des changements de conscience de type transe. » (Ego States: Theory and Therapy, 1997)
Les « phénomènes de type transe » ou « intrusions d’état du moi » sont explicitement liés à des transes spontanées, avec des marqueurs comme des changements de voix ou de mémoire.
Influencés par Erickson, Pierre Janet, et Paul Federn, les Watkins intègrent l’hypnose dans l’Ego State Therapy. Ils utilisent l’hypnose pour accéder aux états du moi, mais insistent sur leur émergence spontanée, distinguant leur approche de l’hypnose classique.
Pat Ogden – thérapie sensorimotrice
Ogden utilise les termes d’ « État de conscience altéré », « comportements réflexes spontanés » (altered state of consciousness, spontaneous reflexive behaviors).
« Lorsque des mémoires implicites sont activées, les clients peuvent montrer des comportements réflexes spontanés, des postures ou des états émotionnels, accompagnés de changements dans la conscience similaires à une conscience altérée. » (Trauma and the Body, 2006)
Les « états de conscience altérés » liés à la mémoire corporelle sont des transes spontanées fonctionnelles, déclenchées par des stimuli implicites en thérapie.
Formée par Ron Kurtz (Hakomi) et influencée par Peter Levine (Somatic Experiencing), Ogden n’a aucun lien direct avec l’hypnose. Ogden ne mentionne pas l’hypnose, mais ses descriptions des « états de conscience altérés » présentent des similitudes avec les phénomènes hypnotiques.
Hal & Sidra Stone – Voice Dialogue
Les Stone utilisent les termes d’ « État de conscience élargi », « désidentification du soi primaire » (spacious awareness, disidentification from the primary self).
« Lorsque l’ego conscient dialogue avec différents soi, un état de conscience élargi émerge, marqué par une conscience spacieuse et des changements de voix, de rythme ou de ton émotionnel, créant une expérience fluide proche de la méditation. » (Embracing Our Selves, 1989)
L’« état de conscience élargi » et la « désidentification » induisent une transe spontanée légère, marquée par une dissociation douce et des changements observables. Influencés par la psychologie jungienne et la psychosynthèse d’Assagioli, les Stone partagent des parallèles avec les techniques hypnotiques conversationnelles. Ils évitent « hypnose » ou « transe », préférant « conscience élargie » ou « désidentification », mais leur processus induit des états d’absorption hypnotiques.
Fritz Perls – Gestalt-thérapie
Perls utilise les termes d’ « État de pleine conscience focalisée », « expérience du ici et maintenant » (state of focused awareness, here-and-now experience).
« Dans le processus de la Gestalt-thérapie, lorsqu’un client se connecte intensément à une émotion ou à une partie de lui-même dans le ici et maintenant, un état de pleine conscience focalisée émerge, souvent accompagné de changements dans la voix, la posture ou la perception, comme si une partie spécifique prenait vie. » (Gestalt Therapy: Excitement and Growth in the Human Personality, 1951)
L’« état de pleine conscience focalisée » ou l’« expérience du ici et maintenant » correspond à une transe spontanée, marquée par une absorption intense, une dissociation fonctionnelle, et des changements observables dans l’expression corporelle ou vocale, émergeant dans des techniques comme la chaise vide.
Formé en psychanalyse freudienne, Perls est influencé par Wilhelm Reich (travail corporel) et Kurt Goldstein (phénoménologie). Il connaissait probablement l’hypnose via Freud, mais n’a pas de lien direct avec Erickson. Les techniques gestaltistes (dialogue, amplification émotionnelle) partagent des similitudes avec l’hypnose conversationnelle. Perls ne mentionne pas l’hypnose, préférant des termes comme « pleine conscience focalisée » ou « ici et maintenant ». Les états induits par ses techniques rappellent les transes hypnotiques légères.
Milton H. Erickson – Hypnose conversationnelle
Erickson utilise les termes de « Transe conversationnelle », « état de réceptivité » (conversational trance, state of receptivity).
« En utilisant le langage naturel et les expériences du patient, une transe conversationnelle peut émerger spontanément, marquée par une focalisation intense, des changements subtils dans la perception et une réceptivité accrue aux suggestions, sans nécessiter d’induction hypnotique formelle. » (The Collected Papers of Milton H. Erickson on Hypnosis, Vol. 1, 1980)
La « transe conversationnelle » d’Erickson est un état de conscience modifié, caractérisé par une absorption focalisée et des changements subtils dans la voix, la posture ou la cognition, qui émerge naturellement dans un dialogue thérapeutique.
Influencé par Clark Hull et des traditions culturelles comme le chamanisme, Erickson a redéfini l’hypnose comme un processus naturaliste et relationnel. Erickson utilise « transe », mais la redéfinit comme un phénomène naturel, évitant les inductions formelles pour privilégier des approches conversationnelles.
Giorgio Nardone – Thérapie systémique & hypnose sans transe
Nardone utilise les termes d’ « État de suggestion naturelle », « dialogue stratégique » (natural state of suggestibility, strategic dialogue).
« À travers un dialogue stratégique, le thérapeute peut induire un état de suggestion naturelle, où le patient devient plus réceptif aux changements sans nécessiter de transe formelle, grâce à l’utilisation précise du langage et des interactions émotionnelles. » (L’arte del cambiamento, 1990)
L’« état de suggestion naturelle » ou le « dialogue stratégique » de Nardone décrit un état de conscience modifié, marqué par une focalisation accrue et une réceptivité aux suggestions thérapeutiques, correspondant à une transe spontanée conversationnelle.
Influencé par Erickson et Paul Watzlawick (MRI de Palo Alto), Nardone adapte l’hypnose conversationnelle dans un cadre stratégique. Nardone reconnaît l’influence d’Erickson, mais préfère « dialogue stratégique » ou « état de suggestion naturelle », évitant « transe » ou « hypnose » dans ses écrits grand public.
Francine Shapiro – EMDR
Shapiro utilise le terme de « Focalisation intense » (intense focus).
« Pendant les séries de stimulations bilatérales, les clients rapportent souvent une focalisation intense sur les images, émotions ou sensations corporelles, avec un sentiment de distance par rapport au présent, comme si le souvenir prenait vie de manière spontanée. » (Eye Movement Desensitization and Reprocessing: Basic Principles, Protocols, and Procedures, 2001)
Cette « focalisation intense » décrite par Shapiro implique une altération de la conscience, marquée par une absorption profonde et une dissociation légère, typiques d’une transe spontanée déclenchée par les stimulations bilatérales dans un contexte thérapeutique. Ces phénomènes permettent une reprogrammation des mémoires traumatiques sans induction hypnotique formelle.
Bessel van der Kolk, qui a étudié l’EMDR dans le contexte du trauma, fait un lien plus explicite avec des états dissociatifs proches de la transe. Dans The Body Keeps the Score (2014, p. 255), il note :
« Les stimulations bilatérales de l’EMDR peuvent déclencher des états dissociatifs où les patients revivent des fragments de leur passé traumatique avec une intensité sensorielle, comme un voyage émotionnel dans le temps, accompagné de changements dans la conscience corporelle. »
Ce « voyage émotionnel dans le temps » et ces « états dissociatifs » reflètent des marqueurs de transe spontanée.
Peggy Pace – Intégration du Cycle de la Vie (ICV)
Pace utilise le terme de « Profonde concentration » (deep concentration).
« En répétant la ligne du temps, les clients entrent souvent dans un état de profonde concentration, où des sensations corporelles, des émotions ou des images émergent spontanément, comme s’ils revivaient des moments du passé avec une nouvelle perspective. » (Pratiquer l’ICV, Dunod, 2014)
Cette « profonde concentration » reflète un état modifié de conscience, caractérisé par une absorption focalisée et une activation spontanée de mémoires implicites, correspondant à une transe spontanée induite par la visualisation guidée de la ligne du temps. Ces phénomènes facilitent l’intégration des états du moi sans recours à une induction hypnotique classique.
Pace, formée en psychologie et influencée par les théories du trauma et des états du moi (notamment les travaux de Watkins), inscrit l’ICV dans un cadre neuroscientifique et psychologique. Elle évite le terme « transe », mais les processus décrits, proches de la visualisation hypnotique, présentent des similitudes plutôt évidentes avec l’hypnose.
Marqueurs de la transe spontanée
Malgré la diversité des cadres théoriques, les marqueurs des transes spontanées peuvent être regroupés en quatre catégories principales :
Marqueurs Comportementaux
Les manifestations comportementales constituent les signes les plus immédiatement observables :
- Changements de voix : modifications du ton, du volume ou de la cadence du discours
- Modifications posturales : rigidité, relâchement ou adoption de postures spécifiques
- Gestes réflexes ou expressifs : tremblements, mouvements inconscients ou automatiques
- Variations respiratoires : ralentissement ou accélération du rythme respiratoire
Marqueurs Cognitifs
Les altérations cognitives reflètent les changements dans les processus de pensée et de perception :
- Focalisation intense : absorption profonde sur un élément spécifique
- Altération temporelle : dilatation ou contraction subjective du temps
- Désidentification du self : impression d’être « autre » ou « ailleurs »
- Activation mnésique : émergence de mémoires dépendantes d’un état (souvenirs émotionnels ou sensoriels)
Marqueurs Émotionnels
Les manifestations émotionnelles témoignent de l’activation de systèmes affectifs spécifiques :
- Intensification émotionnelle : émergence soudaine ou amplification d’émotions
- Autonomie des « parts » : sensation de séparation ou d’indépendance des parties internes
- Fluidité émotionnelle : facilité dans les dialogues avec les sous-personnalités ou états du moi
Marqueurs Physiologiques
Les modifications physiologiques constituent la base objective de ces phénomènes :
- Modifications rythmiques : changements dans les rythmes cardiaques et respiratoires
- Sensations corporelles : chaleur, tensions, picotements ou autres sensations spécifiques
- Activation neurophysiologique : augmentation des ondes thêta, modifications de la connectivité cérébrale
Alors la transe spontanée c’est de l'hypnose ?
Pour répondre à une telle question, il faudrait d’abord commencer par définir l’hypnose. Or, bien qu’avec une popularité croissante, l’hypnose n’est toujours pas définie, mêlant selon les auteurs, les académies, à la fois des états de transe, des techniques ou des modes de communication.
🔗 Voir les définitions de l’hypnose
La transe spontanée est une transe qui n’est pas induite formellement. Dans cet article, nous percevons clairement comment certaines transes sont spontanées sans volonté du praticien d’induire un état de transe, dans d’autres cas, sous couvert d’une conversation stratégique, l’intention va peut-être de créer de la transe non formelle, plutôt que spontanée…
Pour autant, elle présente les mêmes marqueurs neurophysiologiques et les mêmes potentialités thérapeutiques.
Plutôt que de trancher cette question théorique, observons la réalité clinique. La transe spontanée mobilise les mêmes mécanismes neuropsychologiques que l’hypnose formelle. Elle produit les mêmes modifications de conscience, active les mêmes réseaux cérébraux et génère les mêmes potentialités de changement.
La différence réside dans l’intentionnalité et le cadre, non dans les processus sous-jacents.
En ce sens, la transe spontanée ne caractérise pas l’hypnose – elle révèle que les processus hypnotiques dépassent largement le cadre de l’hypnose formelle.
« De l’hypnose, moi, jamais. »
Combien de fois ai-je entendu cette phrase de la bouche de praticiens qui, pourtant, utilisent quotidiennement ces mécanismes ? Cette exploration révèle un paradoxe saisissant : de nombreuses pratiques psychothérapeutiques s’appuient, consciemment ou non, sur des processus hypnotiques. L’EMDR génère des états de focalisation intense, l’IFS dialogue avec des « parts » autonomes, la Gestalt-thérapie provoque des dissociations fonctionnelles, les thérapies du trauma activent des états modifiés. Toutes créent de la transe sans la nommer.
Ce constat interroge les guerres de chapelles qui divisent encore le champ thérapeutique. Pendant que certains rejettent l’hypnose par principe, ils utilisent ses mécanismes sous d’autres appellations. Pendant que d’autres revendiquent l’exclusivité de la transe, celle-ci émerge naturellement dans des cadres qui s’en défendent…
Difficile alors de s’y retrouver pour une personne qui chercherait à démêler le vrai du faux, de distinguer dogmes et expertise.
Ma position à propos de l’hypnose
Mon approche est multidimensionnelle, mêlant hypnose formelle, hypnose conversationnelle, thérapies des états du moi, approches corporelles et pleine conscience.
Tous ces outils partagent un dénominateur commun : ils mobilisent, chacun à leur façon, ces états de conscience modifiés que nous avons explorés. Qu’on les appelle transe, focalisation intense, état dissociatif ou conscience élargie, ils permettent l’accès aux ressources internes nécessaires au changement.
Dans la pratique, je m’attèle aux structures thérapeutiques qui portent du changement, peu importe finalement la façon dont les étiquettes sont posées.
Le meilleur moment pour changer c'est maintenant
Si vous êtes curieux de découvrir comment cette approche peut vous aider à dépasser vos limites ou à atteindre vos objectifs, je vous accueille dans mon cabinet d’hypnothérapie au Bouscat, en proximité de Bordeaux. L’hypnose sans transe s’intègre naturellement dans une démarche d’accompagnement respectueuse de votre rythme et de vos spécificités.
Et vous ? Quand prenez-vous le temps de relevé le défi d’aller mieux ?
Questions fréquentes à propos de la transe spontanée
L’idée de la transe spontanée est surprenante, loin de l’idée d’une mise en transe flash ou express du type « dormez, je le veux ». Des questions à cet endroit me sont régulièrement posées, les voici :
Qu’est-ce qu’une transe spontanée ?
Une transe spontanée est un état modifié de conscience qui survient naturellement lors d’un accompagnement thérapeutique, sans induction formelle. Elle peut se manifester par une focalisation accrue, une relaxation profonde, ou un accès facilité à des ressources internes, souvent dans des approches comme l’hypnose conversationnelle, l’IFS ou la Gestalt.
Comment la transe spontanée diffère-t-elle d’une transe hypnotique classique ?
Contrairement à la transe hypnotique classique, qui repose sur une induction structurée (par exemple, fixation du regard ou suggestions directes), la transe spontanée émerge organiquement à travers le dialogue, les interactions ou les processus thérapeutiques, sans protocole formel.
Dans quelles approches thérapeutiques observe-t-on des transes spontanées ?
Elle est courante dans l’hypnose conversationnelle, l’hypnose sans transe, l’Internal Family Systems (IFS), la Gestalt-thérapie, ou encore certaines formes de thérapie narrative. Toute méthode favorisant une connexion profonde avec soi peut déclencher cet état.
Quels sont les signes d’une transe spontanée chez un client ?
Les signes incluent une respiration plus lente, un regard fixe ou introspectif, des réponses plus intuitives, une diminution des mouvements corporels, ou une immersion marquée dans l’expérience interne. Ces manifestations varient selon les individus.
La transe spontanée est-elle toujours consciente pour le client ?
Pas nécessairement. Certains clients vivent cet état sans le nommer, tandis que d’autres peuvent être conscients d’un changement dans leur perception ou leur ressenti. L’expérience reste souvent fluide et naturelle.
Pour quels problèmes l'hypnose sans transe est-elle adaptée ?
L’hypnose sans transe est efficace pour de nombreuses problématiques : peurs et phobies, anxiété, stress, addictions, manque de confiance en soi, conflits relationnels, et accompagnement de traumatismes. En reformulant les perceptions ou en débloquant des schémas, elle offre des solutions adaptées à chaque situation. Vous désirez résoudre certaines de ces problématique, je vous accueil en séances d’hypnose,au 118 avenue Léon Blum, au Bouscat, a deux pas de Bordeaux.
Articles scientifiques à propos des transes spontanées
La recherche moderne confirme l’existence de ces phénomènes de transe spontanée :
Études Neurophysiologiques
Reinders et al. (2019) ont utilisé l’IRM fonctionnelle pour identifier des biomarqueurs cérébraux dans le trouble dissociatif de l’identité. Ils montrent des activations distinctes dans le cortex préfrontal, le cortex cingulaire antérieur et les régions limbiques lors de l’activation de différents états du moi. Ces patterns cérébraux sont remarquablement proches de ceux observés dans les états de transe hypnotique. (Lien)
Cardeña et al. (2013) ont exploré les corrélats neurophysiologiques de l’hypnose neutre via EEG, montrant des modifications dans les réseaux cérébraux, notamment une augmentation des ondes thêta et une diminution de la connectivité dans le réseau du mode par défaut. Ces résultats suggèrent une base commune entre les états hypnotiques et la dissociation fonctionnelle. (Lien)
Transe Cognitive Auto-Induite
Gosseries et al. (2020) ont examiné une transe cognitive auto-induite via TMS-EEG, montrant une augmentation des ondes thêta et des modifications dans la connectivité cérébrale. Ces signatures EEG indiquent un état de conscience modifié sans induction formelle, validant scientifiquement l’existence des transes spontanées. (Lien)
Ces études confirment que les phénomènes de transe peuvent survenir sans induction formelle et présentent des signatures neurophysiologiques similaires à l’hypnose classique.
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