Qu’est-ce que l’hypnose ?

Dans cette section, interrogeons-nous sur la nature de ce que serait un état d’hypnose. L’hypnose est le plus souvent décrite comme un état modifié de conscience, ce qui suggère qu’il s’agirait d’un état unique, caractéristique et objectivement reconnaissable.
Le nombre d’études scientifiques consacrées à l’hypnose ne cesse de croître. Certaines d’entre elles s’attachent à comprendre l’hypnose en tant qu’état de conscience particulier. Il s’avère qu’à ce jour, il n’existe pas de marqueur objectif permettant d’identifier un état d’hypnose. Aucune signature neurophysiologique constante de « l’hypnose » n’a été établie de manière définitive.

Aussi, Puisque la science ne parvient pas à circonscrire UN état d’hypnose mesurable et constant, il convient peut-être de changer d’approche. Plutôt que de chercher à définir l’hypnose par ce qu’elle est objectivement, nous pouvons l’explorer par ce qu’elle fait vivre subjectivement.
Cette approche phénoménologique – qui s’intéresse à l’expérience vécue plutôt qu’aux mécanismes sous-jacents – nous invite à reconnaître que l’hypnose n’est peut-être pas tant un état particulier qu’une qualité d’expérience, une manière d’être au monde que nous connaissons tous intimement.
Car si nous ne pouvons pas mesurer « l’état d’hypnose », nous pouvons en revanche décrire des expériences qui s’en rapprochent et que chacun a déjà vécues.

L’état d’hypnose, une réalité quotidienne

Nous avons tous des états connus, habituels qui nous semblent ordinaires, dans lesquels nous sommes en capacité à nous repérer, à interagir, à nous identifier à ce que nous vivons, faisons et pensons. C’est ce que certains nomment un état “normal”. Il varie en fonction des émotions qui nous traversent, de l’état de fatigue. Nous n’aurons alors pas les mêmes réactions, les mêmes associations d’idées.

Parfois, nous nous décalons de notre état ordinaire. Il nous arrivent alors d’utiliser des expressions comme : “je ne suis pas moi-même”, “je suis à coté de moi”, “je suis hors de moi”, “je suis ailleurs”.

Certains éléments favorisent ce décalage et nous approchent d’un état d’hypnose.

lecture, cinéma, passion, ces moments qui nous hypnotisent

Quand vous lisez un livre, que vous allez au cinéma, et que vous êtes comme absorbés par l’histoire, vous commencez à vivre ce que vivent les personnages, à ressentir un lieu, à percevoir les sentiments, les émotions. Pourtant ce ne sont que des mots couchés sur le papier ou un acteur qui a appris un texte par cœur.

Un certain cadrage cinématographique, comme un style d’écriture, quand il nous touche, nous sort de notre état ordinaire, de la réalité du moment, et nous permet de vivre l’histoire. Nous oublions le contexte environnant (la salle de cinéma, les personnes qui nous entourent), le temps, nous oublions qui nous sommes …

Le “faux”, les mots, les images, le son sont autant de suggestions qui créent une réalité interne. L’émotion que nous ressentons alors est vraie. C’est exactement ce qui se passe dans un mécanisme d’hypnose.

Le même processus opère lorsque vous êtes dans une rêverie, quand vos pensées dérivent, quand vous écoutez quelque chose, une musique, ou que vous regardez un paysage, un tableau, que vos pensées par association d’idées vont parfois très loin, que vous perdez le contact avec le présent, là aussi, vous êtes très proches d’un état d’hypnose.

L’état d’hypnose vu sous cet angle serait alors un état naturel, une réalité quotidienne que nous connaissons tous.

Les caractéristiques des états de transe quotidienne ou hypnotiques

Dans tous ces exemples le mécanisme commun est l’absorption attentionnelle. Notre attention, qui, habituellement, flotte ici ou là au grès des innombrables stimulus, se pose alors sur un point focal (sur une et une seule chose) : l’intrigue du livre, la mélodie, le détail d’un paysage, une activité qui me passionne… Nous cessons, dans ces conditions, de surveiller notre environnement, de contrôler nos pensées, de gérer notre image, de vérifier nos messages, nos notifications… Quelque chose d’autre peut émerger. C’est du moins la proposition de l’hypnothérapie conventionnelle qui s’appuie le plus souvent sur une base étatiste (L’état de transe est un a priori).

Vous avez certainement remarqué que ces moments s’accompagnent généralement d’une transformation de notre rapport au temps. Deux heures de film peuvent sembler passer en quelques minutes, alors qu’une rêverie de quelques instants peut nous emmener dans de longs voyages intérieurs. Le temps chronologique n’as plus l’importance habituelle, laissant place à un temps plus subjectif, élastique, qui se dilate ou au contraire se contracte.

L’état d’hypnose vu sous cet angle, est donc un état naturel, un état actif, loin du sommeil ou de la perte de conscience, une réalité quotidienne que nous connaissons tous. Reconnaître ces expériences familières comme autant de formes d’hypnose spontanée nous aide à comprendre que l’hypnose formelle (celle que nous explorerons quelquefois en cabinet, si et quand c’est le bon moment) ne fait qu’utiliser et amplifier des mécanismes psychiques qui nous sont déjà parfaitement accessibles.

C’est en effet un des états qui favorise l’apprentissage, l’acquisition des compétences, mais c’est aussi un état qui libère tout simplement et qui est intéressant pour l’introspection, la découverte de soi.

L’hypnose alors qu’est ce que c’est ?

L’hypnose est le prolongement de tous ces états, elle commence quand le praticien arrive à toucher personnellement quelqu’un, entrer dans son monde, trouver une résonance avec cette personne et à se servir de cette connexion pour l’amener de plus en plus loin d’elle-même. A ce moment, c’est à dire quand nous ne sommes pas seulement absorbés par quelque chose, mais quand nous sortons tellement de nous-même, que nous en oublions pendant quelques instants la réalité ordinaire, que nous sortons de notre état de conscience.

Quand une personne sort de son état de conscience ordinaire, elle est capable d’avoir un autre schéma de pensée. Elle est capable d’accéder à des parties d’elle-même qui d’habitude ne sont pas très accessibles.

Nous n’avons pas une identité figée, une nature figée, nous sommes multiples. Cette multiplicité est très forte dans l’enfance. Puis, généralement, l’identité se fige pour devenir encombrante voire emprisonnante. Parallèlement, l’état de conscience se réduit, comme s’il avait de moins en moins d’occasions de s’échapper de cette construction que nous ne parvenons pas à changer, qui nous déplait, qui nous fatigue parfois comme si la porte s’était un peu refermée sur cet état de conscience et que nous avions perdu la clef pour en sortir.

L’hypnotiseur est quelqu’un qui peut vous rappeler que vous avez plusieurs états de conscience qui ne sont pas si loin que ça, qui sont toujours accessibles, qu’il n’y a peut-être que quelques petites peurs à dépasser ou peut-être juste à connaître le chemin pour aller franchir la barrière que nous nous sommes construite à un moment donné, et passer de l’autre coté.

De l’autre coté de cette barrière nous pouvons nous reconnecter à des ressources laissées de coté, des mémoires oubliées, à notre imagination, une créativité peut-être plus vaste, qui n’a pas de limites, en tous cas pas celles que nous nous mettons habituellement.

Cela a surtout des applications dans la connaissance de soi. C’est une manière de recréer un pont à l’intérieur de soi pour reconnecter toutes les petites parties à l’intérieur, les faire communiquer, de décloisonner ce que nous nous sommes construit.

Voilà une des définitions que nous pourrions donner de l’hypnose. L’hypnose, c’est l’accès à toutes ces parties là, habituellement hors de notre portée.

L’hypnose Pour apprendre à désapprendre

L’état d’hypnose permet de nouveaux apprentissages, c’est une pédagogie cérébrale.
A chaque étape de sa vie, notre cerveau fait des apprentissages, par répétitions, par généralisation ou quand une émotion est intense. Quand nous rencontrons un problème et en souffrons, avec un peu de recul, nous nous apercevons que, bien souvent, ce qui est considéré comme un « problème » s’est mis en place en réaction, en réponse à une expérience. Notre cerveau a fait un apprentissage qui fut un moyen de répondre à cette situation, à cette époque. Au moment où ces apprentissages se font, ils sont souvent utiles.
Certains de ces apprentissages, bien que devenus inutiles, perdurent et peuvent devenir gênants. C’est ainsi que nous pouvons rester bloqués dans des comportements anciens et dépassés, enfermés dans un système rigide qui ne fonctionne pas ou plus.
Apprendre de nouveaux comportements peut nous permettre de sortir de cette ornière mentale et de mettre à jour nos capacités, notre regard sur nous-même, notre regard sur le monde, nos pensées, nos réactions, nos émotions, nos sentiments…
L’état d’hypnose, en recréant ces conditions naturelles d’apprentissage, devient un outil puissant pour évoluer, se libérer et (re)trouver une cohérence intérieure.

En cours de construction et de réflexion …

L’hypnose comme méthode
Alors l’hypnose, c’est quoi ?
Les débats théoriques autour de l’hypnose révèlent des conceptions fondamentalement différentes de ce phénomène. Certains chercheurs, dans la lignée d’Ernest Hilgard, considèrent l’hypnose comme un état de conscience distinct caractérisé par une dissociation des processus mentaux. D’autres, comme Nicholas Spanos et Irving Kirsch, postulent que l’hypnose n’implique pas d’état de conscience particulier et que les comportements hypnotiques résultent plutôt d’attentes, de motivations et de processus cognitifs normaux.
Entre ces positions, émergent des approches plus pragmatiques qui dépassent le débat état/non-état. L’École de Palo Alto, avec Giorgio Nardone, propose une « hypnose sans transe » qui se concentre sur l’efficacité des interventions plutôt que sur les mécanismes sous-jacents. Cette perspective rejoint des courants contemporains où l’hypnose devient un outil conversationnel intégré dans l’accompagnement thérapeutique.
L’hypnose conversationnelle : une approche intégrée
Dans cette optique, l’hypnose peut être conçue comme un processus naturel qui émerge organiquement lors de l’exploration profonde de soi. Plutôt que de chercher à induire un état particulier, cette approche facilite l’accès aux différentes parties de notre identité – ce que les psychologues appellent les « états du moi » ou les « parts internes ».
L’hypnose devient alors le prolongement naturel de ces états d’absorption que nous connaissons tous. Elle commence quand le praticien parvient à créer une résonance authentique avec la personne, à entrer dans son monde et à l’accompagner dans l’exploration de ses ressources internes.
Sortir de l’identité figée
Nous n’avons pas une identité figée, une nature immuable – nous sommes multiples. Cette multiplicité est particulièrement forte dans l’enfance. Puis, généralement, l’identité se cristallise et peut devenir encombrante, voire emprisonnante. Parallèlement, notre état de conscience se réduit, comme si nous avions perdu la clé pour accéder à cette richesse intérieure.
Le praticien en hypnose conversationnelle est quelqu’un qui peut vous rappeler que vous avez plusieurs facettes accessibles, qu’il n’y a peut-être que quelques petites peurs à dépasser ou simplement le chemin à retrouver pour franchir la barrière que nous nous sommes construite.
De l’autre côté de cette barrière, nous pouvons nous reconnecter à des ressources laissées de côté, des mémoires oubliées, à notre imagination, une créativité plus vaste qui n’a pas les limites que nous nous imposons habituellement.
Un jeu d’autorisation
L’hypnose formelle – ces moments où l’on ferme les yeux, où l’on guide vers des visualisations – peut être vue comme un « jeu d’autorisation ». Elle crée un cadre permissif qui autorise la personne à :

Accéder différemment à son expérience
Explorer sans jugement
Suspendre temporairement ses résistances habituelles
Entrer en dialogue avec ses différentes parts internes

Dans cette perspective, la transe n’est pas un objectif en soi mais émerge naturellement quand la personne entre en contact profond avec ses contenus internes. Le reste de l’accompagnement relève davantage de la psychoéducation et du dialogue thérapeutique.
L’hypnose pour apprendre à désapprendre
L’état d’hypnose, qu’il soit formellement induit ou naturellement émergent, permet de nouveaux apprentissages. C’est une pédagogie cérébrale qui tire parti de la plasticité de notre cerveau.
À chaque étape de sa vie, notre cerveau fait des apprentissages par répétition, généralisation ou lors d’émotions intenses. Quand nous rencontrons un problème, nous nous apercevons souvent que ce « problème » s’est mis en place en réaction à une expérience passée. Notre cerveau a fait un apprentissage qui fut utile à l’époque mais qui peut être devenu limitant.
L’hypnose conversationnelle, en créant un espace d’exploration sécure, permet d’actualiser ces apprentissages anciens. Elle nous aide à sortir des ornières mentales, à mettre à jour nos capacités, notre regard sur nous-même et sur le monde.
Vers une hypnose écologique
Cette approche intégrée de l’hypnose s’inscrit dans une démarche écologique : elle utilise les ressources naturelles de la personne, respecte ses rythmes et ses résistances, et s’adapte à sa singularité. Elle reconnaît que chaque individu porte en lui les clés de son évolution et que le rôle du praticien est de faciliter l’accès à ces ressources internes.
L’hypnose devient ainsi moins une technique qu’un art de l’accompagnement, une façon d’être présent à l’autre qui permet l’émergence de nouvelles possibilités.